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30.º aniversário da adesão de Portugal às Comunidades Europeias
30.º aniversário da adesão de Portugal às Comunidades Europeias
Lisboa, 8 de janeiro de 2016 ler mais: 30.º aniversário da adesão de Portugal às Comunidades Europeias

INTERVENÇÕES

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Discours du Président de la République lors de la Séance Solennelle des Commémorations du 10 Juin 2006
Porto, le 10 Juin 2006

En cette Journée du Portugal je félicite tous les Portugais.

C’est une date de fête, à l’occasion de laquelle le Portugal se retrouve pour célébrer la mémoire de son plus grand poète et pour féliciter les communautés portugaises existantes de par le monde.

La raison du choix de Porto comme ville hôtesse des premières commémorations du 10 juin de mon mandat présidentiel va de soit.

Ici, le Portugal a fait son nom. Ici, il y a toujours eu ce qu’il y a de mieux dans la portugalité : une volonté granitique de triompher, une frontalité fière et loyale, l’indomptable ambition d’être plus grand. Ici, dans cette ville de Porto, dans l’âme libre de ses gens de labeur et de parole, résident les valeurs les plus pérennes du Pays que nous fêtons aujourd’hui.

Le 10 juin est l’occasion la plus favorable pour que le Portugal s’envisage comme futur. Ne commémorons pas cette éphéméride comme un rituel passéiste au cours duquel s’exaltent des nationalismes qui n’ont plus de sens à notre époque. Et n’envisageons pas le 10 juin comme un simple prétexte pour une commémoration qui, après s’être tant répétée, risque d’être vidée de sens.

Nous devons signaler la Journée du Portugal, de Camões et des Communautés portugaises sous une perspective du passé et avec une vision pour l’avenir.

Nous avons reçu un passé illustre en héritage. Mais nous devons être conscients que la meilleure manière d’évoquer l’histoire est de faire face aux défis que le Pays doit relever aujourd’hui.

L’œuvre de Camões traduit ce mélange d’orgueil du passé et de souci de l’avenir, qui doit commander les choix que nous devons faire continuellement.

Lors de la Journée du Portugal et de Camões, nous fêtons le Portugal qui ne se conforme pas au manque d’ambition et qui connaît le succès dans beaucoup de domaines où il a voulu et où il a su s’affirmer. Le Portugal qui veut regarder l’avenir avec détermination, courage et volonté de vaincre.

Nous fêtons aussi l’inestimable patrimoine constitué par la langue portugaise, partagée par sept autres États dont elle est la langue officielle et qui l’utilisent dans leur pratique politique, juridique et administrative, dans la communication technique et scientifique, et la création littéraire et artistique.

En ce 10 juin, je veux interpeller directement les Portugais, tous et chacun d’entre eux, en les exhortant à réfléchir sur ce qu’ils souhaitent et sur ce qu’ils sont disposés à faire pour leur pays.

Entre les Portugais d’hier et les Portugais de demain, quel est le rôle réservé aux Portugais d’aujourd’hui ?

Dans leur vie personnelle, la famille, le travail, le comportement civique, l’attitude envers les autres, la pleine utilisation des ressources dont nous disposons, avons-nous été à la hauteur de nos responsabilités et des générations qui nous ont précédées ?

Nous voulons un Pays plus riche et plus juste, une société qui ne soit pas traversée par tant d’asymétries et tant d’inégalités, un territoire plus équilibré dans le développement de toutes ses parties.

Nous voulons un Portugal avec des ressources humaines plus qualifiées, des entreprises plus compétitives, des services publics de qualité.

Nous avons besoin d’un système de justice efficace et accessible, auquel les citoyens peuvent faire appel avec confiance dans la célérité et l’efficacité des décisions.

Nous souhaitons, enfin, un Portugal qui se revoit dans la meilleure partie de son patrimoine historique et culturel et qui sache non seulement le préserver mais aussi le promouvoir et l’agrandir, dans la richesse et la créativité de ses manifestations.

L’insatisfaction collective, qui nous a fait traverser des mers si lointaines, est l’un des traits les plus marquants de notre destinée commune. Mais le courage pour faire face aux difficultés l’est également. Sans lui, nous aurions été les otages de la résignation.

Nous le savons bien, et l’histoire le démontre : Le Portugal sera essentiellement ce que nous en ferons. Personne ne le fera pour nous.

Je veux, donc, en ce 10 juin, faire un appel aux Portugais pour qu’ils ne se résignent pas et qu’ils ne se laissent pas vaincre par le découragement ou le scepticisme.

Ce serait indigne de notre passé, un gâchis de notre présent et l’ajournement de notre avenir.

Nous devons commémorer le 10 juin avec confiance dans nos capacités en tant que personnes et en tant que Peuple, dans la certitude d’un avenir avec plus de progrès et de bien être social.

Portugais,

Il y a une certaine tendance pour attribuer aux autres beaucoup de ce qui nous arrive.

Nous donnons l’impression de ne pas nous conformer aux choses et, cependant, notre volonté s’affaiblit au moment de les changer.

Nous avons cru que les richesses de l’Inde, du Brésil ou de l’Afrique ou que les fonds de l’Union européenne seraient suffisants pour apporter le progrès que nous attendions.

Ne nous faisons pas d’illusions. Dans un monde de plus en plus indépendant, globalisé et compétitif, nous dépendons de plus en plus de nous-mêmes, de notre travail, de la capacité à défendre nos intérêts sur le plan externe. Les conditions auxquelles nous faisons face nous imposent de nouvelles exigences mais ne nous empêchent pas de réaliser nos justes ambitions.

Le Portugal sera, essentiellement, ce que nous voulons qu’il soit. Ni plus, ni moins ; ni mieux ni pire. C’est pour cette raison que nous sommes une nation libre, souveraine et indépendante.

Être indépendant c’est être responsable.

Et la responsabilité entraîne une notion nette et exigeante des droits, mais aussi des obligations, collectives et individuelles, faute de quoi l’exigence et les critiques ne seront pas respectées comme elles doivent l’être.

Il est donc nécessaire de faire le bilan non seulement de ce que nous aimerions qu’il soit fait mais aussi de la manière dont l’action de chacun peut contribuer, pour que le résultat collectif nous satisfasse.

L’idée que l’État est, pour le bien et pour le mal, la source et la solution de tous nos problèmes s’est installée peu a peu, dans la mentalité collective. De là est issue la relation pas toujours réfléchie et responsable des Portugais avec l’État.

Lorsque par exemple nous nous alarmons avec l’échec scolaire de nos enfants, notre élan est d’accuser de toutes les fautes le système d’enseignement, les responsables politiques, les professeurs… Rarement nous nous rappelons que l’éducation est une tâche scolaire mais aussi une obligation de la famille, qui ne peut pas abandonner son rôle essentiel dans l’éducation des enfants et dans la transmission des valeurs qui doivent les guider leur vie durant, en tant que citoyens et en tant que personnes complètes et intègres.

Nous nous plaignons souvent que les services de santé sont insuffisants pour répondre aux besoins de la population avec les niveaux de qualité que d’autres pays ont déjà atteint.

Mais nous ne valorisons pas suffisamment la forte contribution que nous pouvons apporter par des habitudes de consommation plus modérées, et par la réduction des niveaux préoccupants d’alcoolisme, de tabagisme ou d’obésité, qui persistent même parmi les couches plus jeunes de la population.

L’accès à plus de biens matériels ne signifie pas plus de qualité de vie, s’il n’est pas accompagné de l’adoption d’habitudes saines et de styles de vie prévenant les effets nocifs qu’aucun système de santé ne peut résoudre.

Nous devons faire plus attention à notre santé pour que système de santé puisse mieux s’occuper de nous.

Lorsque nous nous indignons des statistiques de la sinistralité routière qui nous embarrassent lorsque comparées à celles des autres membres de l’Union européenne, nous exigeons des routes sûres à l’État, des forces policières bien équipées et des campagnes de prévention.

Nous oublions que tout cela ne sera jamais suffisant si le comportement des conducteurs n’est pas prudent et s’il ne respecte pas les règles établies et les autres. Je n’ai pas peur de le dire : l’attitude des Portugais sur les routes est un exemple du Pays que nous ne devons pas être.

Nous avons honte du maintien, au Portugal du XXIe siècle, de situations criantes d’injustice et du fait que nous avons la plus grande inégalité dans la distribution des revenus parmi les pays de l’Union européenne. Mais l’indignation contre cette situation devrait être accompagnée du respect rigoureux des obligations fiscales et de la responsabilité solidaire qui pèsent sur chacun d’entre nous.

Nous nous désolons des situations de dégradation environnementale visibles dans beaucoup de zones de notre Pays. Mais ne serions nous pas tous également responsables, par action ou omission, de la pollution qui envahit les fleuves, des ordures qui salissent les plages, de la destruction de notre patrimoine historique et paysager ?

Dans ceux-ci, comme dans d’autres exemples, nous oublions la capacité d’action individuelle et certaines des plus importantes obligations de la citoyenneté.

Ce sont des gestes simples, à la portée de tous, et qui peuvent beaucoup améliorer ce dont nous nous plaignons aujourd’hui.

Comme je l’ai dit dans mon discours de prise de fonctions, “nous sommes tous responsables de notre futur collectif”.

Portugais,

Nous venons de signaler les trente ans de la Constitution de la République. Notre Loi Fondamentale prévoit un ensemble très large et très diversifié de droits, sur le plan des libertés et des garanties, mais aussi sur le plan des droits économiques, sociaux et culturels.

Nous devons assumer que la concrétisation de ces droits et libertés, notamment des droits sociaux, a un coût.

Et que l’État ne peut supporter ce coût que s’il peut compter sur la contribution et l’initiative de tous et de chacun des citoyens.

Et l’État c’est nous.

Il est urgent d’intérioriser cette pédagogie républicaine des devoirs civiques. En regardant autour de nous, nous trouverons des bons exemples de la manière dont une culture civique forte constitue une ressource irremplaçable qui, à elle seule, peut faire la différence dans le succès et le développement des pays.

Voyons à ce propos la diaspora portugaise.

Les communautés de la Diaspora ont construit à l’étranger le Portugal qu’elles n’ont pas trouvé ici.

Les émigrants portugais sont l’exemple vivant du non-conformisme et du besoin d’adaptation qui doit nous stimuler à une époque d’incertitudes et de carrefours.

Nous avons, en outre, l’obligation d’accueillir et d’intégrer ceux qui, dans le respect des lois du Pays, viennent rechercher chez nous une nouvelle source d’espoir et d’opportunité, les immigrants qui arrivent d’autres pays disposés à lutter pour une vie meilleure.

Nous devons penser à la République comme une communauté de destin et d’avenir, faite de citoyens libres et responsables.

Nous devons faire de l’éthique de la responsabilité une marque intégrante de l’esprit de tous les Portugais, sans laquelle les efforts, le travail et la richesse seront gâchés.

Je m’adresse spécialement aux jeunes, qui vivent déjà avec la notion du monde global, qui vivent ensemble et communiquent sans frontières, et que pour cela savent très bien comme il est important d’assumer et d’espérer des autres une culture de droits et d’obligations.

Chez les jeunes il y a un capital d’espoir et une impétuosité généreuse et exigeante qui ne doit pas être frustrée, mais plutôt stimulée et exaltée, avec de bons exemples dans tous les domaines de la vie nationale.

En cette Journée du Portugal, de Camões et des Communautés portugaises, je défie les Portugais à penser au Pays que nous voulons et à la responsabilité de chacun.

Nous voulons tous laisser en héritage aux générations futures un pays social, culturel et économiquement plus riche, un Portugal meilleur.

La commémoration du passé, lors d’une journée comme le 10 juin, n’a un sens entier que si elle apporte la promesse d’un avenir différent.

En cette Journée de Camões, je défie les Portugais à répondre avec ambition aux questions d’un autre poète, Jorge de Sena, qui nous ont troublés:

“Quel Portugal attend-on au Portugal?
Quel peuple se lèvera encore de ce peuple?”

Je sais que nous pouvons répondre. Le Portugal sera ce que nous en ferons.

© Presidência da República Portuguesa - ARQUIVO - Aníbal Cavaco Silva - 2006-2016

Acedeu ao arquivo da Página Oficial da Presidência da República entre 9 de março de 2006 e 9 de março de 2016.

Os conteúdos aqui disponíveis foram colocados na página durante aquele período de 10 anos, correspondente aos dois mandatos do Presidente da República Aníbal Cavaco Silva.